RETOUR SUR L’ENQUÊTE REALISEE POUR L’EVALUATION DU PAEC

La Métropole de Lyon s’est engagée depuis 2016 dans le pilotage d’un Projet Agro-environnemental et Climatique (PAEC) avec les partenaires du monde agricole, afin de faire bénéficier à l’agglomération Lyonnaise du dispositif des Mesures Agroenvironnementales et Climatiques (MAEC). Les enjeux adressés dans ce projet de territoire sont la préservation de la qualité de l’eau potable et de la biodiversité.

Les agriculteurs ont été accompagnés dans la souscription de MAEC entre 2016 et 2018, et suivis ensuite par les partenaires. Par ailleurs, un programme d’animation annuel a été mis en place avec les partenaires jusqu’en 2022, proposant aux agriculteurs de l’agglomération :

  • des journées techniques sur des sujets en lien avec leurs préoccupations et l’agroécologie
  • de la communication sur des pratiques innovantes, des événements ou autres informations en lien avec l’agroécologie sur le site internet agri-lyonnaise.top
  • un accompagnement de groupes d’agriculteurs sur des sujets techniques comme l’agriculture de précision, l’agriculture biologique ou les auxiliaires de culture
  • la réalisation de diagnostics ou suivis individuels : bilans phytos, analyse de reliquats azotés, diagnostics d’environnement de parcelles, diagnostic de plantes envahissantes, suivi des auxiliaires de cultures et des oiseaux nicheurs…
  • un accompagnement technique pour développer des cultures de lentilles à destination de la restauration collective
    Aujourd’hui, l’heure est à l’évaluation.

Point sur les MAEC souscrites

Dans le cadre de ce PAEC, 75 agriculteurs du territoire se sont engagés dans des MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques) sur environ 2 300 ha, pour une durée de 5 ans.
La 1ère vague de contractualisation des MAEC a eu lieu en 2016 sur le territoire des Monts d’or : 6 agriculteurs ont engagé des mesures sur 233 hectares.

La plus grosse campagne de contractualisation a eu lieu en 2017, avec 65 exploitations agricoles qui ont engagé 1846 ha dans des mesures agroenvironnementales surfaciques comme la lutte biologique en remplacement des insecticides, la réduction des produits phytosanitaires, l’introduction de légumineuses dans la rotation, l’implantation de couverts herbacés pour lutter contre l’érosion etc.
On compte également 11 exploitations qui se sont engagé à entretenir 17 km de haies.

En 2018, 200 ha supplémentaires ont été engagés par 6 exploitations agricoles.
Le budget total représenté par l’ensemble de ces mesures contractualisées sur 5 ans, s’élève à 1,3 millions d’euros, financés en partie par le FEADER, et en partie par des co-financeurs nationaux : l’Agence de l’eau RMC, la Métropole de Lyon, le Département du Rhône, la Syndicat Mixte Plaine Monts d’Or, et l’Etat.

Résultats de l’enquête

Afin de recueillir l’avis des exploitations et des partenaires engagés dans ce dispositif, une enquête a été réalisée par des entretiens et des questionnaires : La moitié des agriculteurs engagés ont pu répondre à cette étude (36 réponses) ainsi que l’ensemble des partenaires.


Pour 72% des agriculteurs ayant répondu à l’enquête, le bilan du PAEC est positif.

Parmi les éléments positifs cités, revient le fait que le financement de ces mesures permet de maintenir et pérenniser des pratiques agricoles vertueuses. De plus, pour plusieurs des répondants, les MAEC représentent un soutien financier intéressant. D’autres ont également mis en avant l’intérêt des rencontres et journées techniques, et l’apport que représente le projet global pour l’agroécologie sur le territoire.
Parmi les impacts des MAEC, 53% des répondants ont observé des changements agronomiques ou environnementaux sur leurs parcelles engagées : 20% concernent des changements sur la flore adventice ou vivace plus présente, ou sur le rendement en baisse ; 80% concernent des changements positifs comme la réduction de l’érosion des sols, l’affluence de biodiversité, une meilleure qualité du foin, un confort de travail supérieur…
Pour la majorité des agriculteurs engagés ayant répondu, les MAEC n’ont pas donné lieu à des changements de pratiques sur le reste de leur exploitation. Pour certains cependant, cela les a poussé à réduire leur utilisation des herbicides, à se convertir en agriculture biologique, à moins labourer ou encore à mieux suivre leurs interventions à la parcelle.
Dans les éléments négatifs cités par les agriculteurs, la lourdeur de la gestion administrative et les problèmes de retards de paiements ou d’évolution des règles sont revenus comme principaux problèmes du dispositif. Chez les partenaires du programme, la complexité administrative du dispositif est également apparue comme principal point négatif.
Certains ont également pointé du doigt des difficultés techniques pour la mise en place des MAEC, comme la gestion des adventices pour les MAEC Implantation couverts faune/flore, ou les dates de fauche pour la MAEC Retard de fauche (qui sont peu réalistes avec le réchauffement climatique). La mesure de réduction des produits phytosanitaires s’est révélée compliquée pour certains qui s’y sont engagés, notamment à cause de l’obligation de résultat difficile à atteindre sur un temps court.
Malgré les différents freins à la mise en place des MAEC, 78% des agriculteurs seraient prêts à se réengager sur une nouvelle campagne.
Pour beaucoup, la démarche est intéressante et doit perdurer pour permettre un soutien sur le long terme afin de pérenniser des pratiques vertueuses difficiles à conserver autrement. Les agriculteurs interrogés préconisent également de communiquer plus systématiquement auprès du grand public sur les efforts faits par les agriculteurs du territoire. Un flyer a d’ailleurs été réalisé pour expliquer la démarche au plus grand nombre, et envoyé à toutes les exploitations agricoles et partenaires engagés dans le projet.
Du côté des partenaires, le PAEC doit davantage intégrer le volet climatique en accompagnant les exploitations agricoles à mesurer l’impact de leurs pratiques sur le climat, et à s’adapter aux évolutions climatiques, mais aussi s’accompagner d’un travail sur les filières et débouchés pour motiver les agriculteurs au changement.
Par ailleurs, les mesures à l’échelle de la parcelle ne semblent pas suffisantes pour réellement changer de système : les mesures à l’échelle de l’exploitation seraient plus pertinentes pour engager de véritables changements.

D’ici fin 2022, les partenaires vont s’attacher à la co-construction de la suite de ce programme d’action, en tenant compte des enseignements de cette première campagne, afin que le dispositif qui prendra la suite continue d’accompagner au mieux les agriculteurs de l’agglomération lyonnaise vers l’agroécologie.