Cette approche consiste ainsi à prendre en considération :
- La fertilité chimique, qui améliore la nutrition : statut acido-basique, capacité à stocker et restituer des éléments nutritifs…
- La fertilité physique qui améliore l’enracinement : Bonne circulation de l’eau et de l’oxygène dans le sol grâce à une porosité visible (cm/mm) et invisible (µm et nm) suffisante, bonne stabilité structurale
- La fertilité biologique qui améliore la nutrition, l’immunité, et affecte tant la fertilité chimique que physique : Abondance et diversité des organismes vivants, notamment les microorganismes qui constituent le réacteur chimique du sol et les vers de terre qui permettent l’installation et le maintien d’une macroporosité suffisante.
La prise en compte des interactions physique, biologique et chimique permet véritablement d’apprécier les interventions agricoles : sont-elles bénéfiques ou non sur le long terme ? Sont-elles capables de valoriser convenablement le potentiel productif réel de mon sol ?
Le sol est un milieu complexe à appréhender et qui abrite de nombreux organismes vivants. Ces derniers sont les ingénieurs essentiels dans tous les cycles chimiques du sol et à la base de la nutrition du végétal. Ainsi, par leur activité, ils affectent profondément la chimie et la physique du sol et sont à même d’entretenir une fertilité chimique et physique naturellement. La fertilité long terme du sol repose principalement sur une prise en compte de l’activité biologique des sols.
Quel effet des pratiques sur la fertilité biologique des sols ?
La vie du sol se base sur le respect de 2 principes fondamentaux : le respects du gîte (habitat) et du couvert (source de nourriture). C’est très simple : nourrir ces organismes et respecter l’intégrité de leurs habitats.
Les pratiques agricoles vont avoir un effet directs et/ou indirects sur les habitats et/ou les sources de nourriture. Parmi les pratiques les plus impactantes on retrouve :
- Le travail du sol : on constate une augmentation de l’activité biologique des sols lorsque le travail du sol est diminué. Ceci est particulièrement vrai pour les organismes de grandes tailles. En effet, ils sont les premiers impactés par les passage d’outils qui peuvent soit les tuer, soit les limiter dans leur mouvement par la création d’une semelles de lissages (qui apparaissent avec tout passage d’outils et non pas simplement avec le labour) qui va constituer un obstacle. Les vers de terre anéciques sont particulièrement affectés par un travail du sol intense et fréquent avec une réduction de population pouvant aller jusqu’à plus de 80% comparé à un sol à faible intensité de travail de sol et avec labour très occasionnel.
- La fertilisation : on observe un effet direct au travers de la modification des équilibres chimiques dans la solution du sol ce qui affecte la diversité microbienne. Cependant, la fertilisation impacte également indirectement le sol car une culture bien fertilisée produit beaucoup de biomasse et peut apporter plus matières organiques au sol.
- La succession culturale : Les organismes du sol ne peuvent pas supporter l’absence d’activité racinaires ou de matières organiques en abondance. Ainsi les périodes de sol nu et une absence d’apport en matière organique (plus ou moins fraîche par la restitution de résidus de culture ou de couverts végétaux ou l’apport de fumier) sont des facteurs de stress très important. Ainsi, les systèmes incluant de la prairie sont très bénéfiques à l’activité biologique en règle générale, car cette période de sol counvert en continue permet au populations de se régénérer après 3 ou 4 ans de culture qui ont réduit considérablement le nombre et la diversité des organismes vivants.
- L’usage de produits phytosanitaires : Il existe encore assez peu d’études sur l’effet des pesticides sur les organismes du sol, mais globalement on compte 2 effets :
- direct, qui tue lors de l’application des produits, avec des constats assez contre-intuitifs par exemple des herbicides qui affectent des arthropodes comme les carabes,
- indirect, via les molécules de dégradation des produits phytosanitaires qui affecte l’activité hormonale. Ainsi on a pu remarquer une diminution de la fertilité des lombrics exposés à plusieurs molécules comme le mancozèbe, le carbofuran ou le carbendazim (Cluzeau, 2008).
Vers des pratiques nouvelles et régénératrices ?
Aujourd’hui les débats se tournent vers une meilleure prise en compte des 3 piliers de la fertilité et notamment biologique, dans les pratiques agricoles, notamment avec l’agriculture de conservation et l’agriculture du vivant. Ce sont des exemples concrets qui permettront de construire des systèmes de production, de culture et d’élevage capables de produire en quantité et en qualité, en préservant le milieu dans le même temps.
En Rhône Alpes des filières de valorisation des productions issues d’une agriculture plus respectueuse de ses sols est en route :
- sur le territoire de à la métropole de Lyon, un travail sur la dynamique d’approvisionnement local des cantines est porté par le Centre de Développement de l’Agroécologie en partenariat avec l’ISARA-Lyon, la chambre d’agriculture du Rhône et Terres en villes,
- à l’échelle nationale, avec l’association Pour une Agriculture du Vivant,
- ou encore au travers des dynamiques filières lancées par les acteurs économiques comme Cholat, ou la coopérative Dauphinoise.
Les consommateurs, en étant conscients des enjeux, pourront ainsi valoriser le travail très important des agriculteurs qui se lancent dans une réforme de leurs systèmes de production.