Le sol au service de la performance de l’exploitation agricole

L’énergie du soleil pour nourrir l’activité biologique et booster les processus naturels de nutrition des cultures !

Le sol est devenu en quelques années un sujet central porté autant par des techniciens, que des agriculteurs. On peut l’expliquer par les différentes politiques menées en faveur de l’agroécologie, mais aussi par un regain d’intérêt de la profession pour améliorer et entretenir son premier outil de production : le sol.

Un sol oui, mais un sol qui fonctionne !

En parallèle des politiques, on assiste à une montée en puissance d’agriculteurs de mieux en mieux formés et innovants sur le sujet qui ont su démontrer qu’un sol qui fonctionne est un sol rentable et source d’économie et de rendements réguliers.

Un sol qui fonctionne c’est un sol qui favorise l’installation et l’activité des organismes vivants : des microbes aux vers de terre en passant par les champignons du sol et tout un ensemble d’autres organismes. [1] C’est pourquoi on croise souvent dans les médias professionnel l’expression de sol « vivant » pour signifier qu’un sol est en bonne santé.

Dans un sol vivant, il y a assez d’organismes pour réaliser tous les processus essentiels du sol  : de la dégradation des matières organiques au maintien d’une structure de sol favorable en passant par l’apport d’une fertilité naturelle et durable.

La faune du sol en activité
Observation faite par test bêche
CDA - Centre de Développement de l’Agroécologie

Favoriser un sol vivant : transformer l’énergie du soleil en organismes vivants !

Pour bénéficier des services de la faune du sol, il faut atteindre un seuil. La difficulté est alors de connaître ce seuil. Tout comme mettre 10kg d’ammonitrate ne changera pas grand-chose au rendement, augmenter de 2% la population de vers de terre ne changera rien au fonctionnement du sol ; ni dans ses fonctions d’humification ou de minéralisation, ni dans sa faculté à entretenir une meilleure porosité naturellement.

Il est donc nécessaire d’avoir un effet significatif, un effet levier sur les populations d’organismes vivants pour observer des effets bénéfiques sur le sol et donc les cultures. Par exemple, doubler ou tripler la population de vers de terre aura un effet considérable sur la fertilité chimique et mécanique du sol. [2]On peut nettement l’observer dans les sols en transition vers l’agriculture de conservation, où les vers de terre prennent progressivement une place essentielle dans le maintien d’une macro-porosité permanente, favorisant le drainage et l’enracinement.

Pour améliorer la présence des organismes vivants dans un sol, il faut leur donner le gîte et le couvert pour qu’ils puissent se multiplier. La base de la chaîne alimentaire du sol sont des organismes décomposeurs (vers de terre, collemboles, champignons…) dont le rôle est de décomposer la matière organique (composée de carbone) issue des végétaux. Ces derniers sont la source d’énergie quasi-exclusive de la faune et micro-faune du sol. Or, les végétaux sont parmi les rares organismes à pouvoir fixer du carbone dans leur biomasse grâce l’énergie du soleil. Ce processus est appelé photosynthèse. Ainsi tous les processus vitaux consistent à capter l’énergie du soleil et la fixer sous la forme de carbone dans la matière organique et les êtres vivants.

La chaîne alimentaire du sol
CDA - Centre de Développement de l’Agroécologie

Pour améliorer son sol il faut donc prendre soin de l’alimenter en ressources carbonées de qualité issues des plantes mais également de diminuer au maximum les perturbations mécaniques qui vont réduire de façon importante l’activité biologique et notamment les organismes qui vivent dans la porosité du sol : une partie des vers de terre, et arthropodes divers.

Comment faire des économies grâce à un sol plus fonctionnel ?

La première étape est de revenir à une agronomie du carbone. Le NPK est excellent pour maîtriser la nutrition de la plante. Le carbone, quant à lui, permet d’augmenter le “volant d’autofertilité” et ainsi d’entretenir la fertilité naturelle du sol.

Pour cela, se former est essentiel :

  • savoir ce qu’est la matière organique, maîtriser le rapport C/N, comprendre les différences fondamentales entre de la lignine et de la cellulose et comment évaluer les besoins de votre sol en la matière.
  • savoir évaluer le statut « organique » du sol grâce à l’analyse de sol, mais surtout à l’observation in situ. Il faut savoir observer son sol pour établir une stratégie correcte d’amélioration et de maintien de la fertilité du sol. Il existe une méthode d’évaluation simple : le test bêche. [3]
  • changer de curseurs pour apprécier la qualité du sol et la performance des itinéraires techniques. Les habitudes en matière de travail du sol, de gestion de l’interculture, d’apport de matières organiques doivent être modifiées en faveur de l’activité biologique du sol.
Etat comparé de deux sols (même composition, même texture) travaillés différemment, après une pluie de 40mm
A gauche, travail du sol maintenu, l’eau ne s’infiltre pas, on observe des phénomènes d’érosion et de battance - à droite, travail du sol supprimé depuis 10 ans, l’eau s’infiltre facilement, pas de phénomènes d’érosion observés

La seconde étape est d’accepter le fait qu’un sol « vivant » contredit la nécessité d’intervention systématique et accorde souvent respect de l’environnement et productivité. Pour faire des économies, il suffit de respecter les grands principes du vivant et de laisser faire :

  • ramener une quantité de matières organiques suffisante au sol chaque année [4], ce qui sur le long terme engendrera une diminution des coût de fertilisation, car l’autofertilité du sol sera entretenue ;
  • éviter de perturber le milieu avec de nombreux passages d’outils pour pour favoriser les organismes du sol. Les pratiquants de l’agriculture de conservation ont su montrer en moins de 20 ans qu’il est possible de réussir une culture en réduisant le travail du sol, et donc ses charges de mécanisation (selon l’Agreste, 20 à 40L/ha de fuel économisé en non labour).

Renseignez vous auprès d’organisme capable de vous accompagner dans une véritable agronomie du carbone, ou vers des groupes d’agriculteurs qui travaillent efficacement la question. C’est le meilleur moyen de progresser significativement.

Le Centre de Développement de l’Agroécologie peut vous accompagner dans votre démarche. N’hésitez pas à contacter Sebastien Roumegous au 06.50.95.72.11 ou à contact@cdagroecologie.fr

Notes

[1Les organismes vivants représentent 0,25% de la masse d’un sol. On retrouve jusqu’à 100 millions de bactéries par gramme de sol et 3 tonnes de vers de terre par hectare de prairie

[2Les turricules de vers de terre contiennent 5 fois plus d’azote assimilable que le sol environnant

[3Il est mieux de le réaliser en mars. On considère alors que le sol est dégradé d’un point de vue biologique si on ne retrouve pas un minimum de 4 vers de terre adultes par bêchée

[4Par exemple, restitution des pailles, semis de couverts végétaux à forte biomasse et C/N plutôt élevé (seigle par exemple) et apport de matière organique à fort C/N (supérieur à 30 pour améliorer le taux de matière organique).