Ambrosia artemissifolia, une plante exotique envahissante
Ambrosia artemisiifolia, communément appelée ambroisie à feuille d’armoise, est une astéracée annuelle monoïque [1] originaire d’Amérique du Nord, qui représente un problème grandissant dans de nombreuses régions du monde. Cette plante est qualifiée d’invasive de par son potentiel de propagation considérable. Chaque pied peut produire plusieurs milliers de graines qui sont ensuite transportées par les machines agricoles, ou au sein de lots de semences contaminées et via les axes routiers.
Ambrosia artemisiifolia est également considérée comme envahissante à cause de ses impacts importants sur les écosystèmes naturels, l’agriculture et la santé.
De nombreux acteurs impliqués : une prévention qui s’organise
Empêcher l’installation des plantes invasives, telle qu’A. artemisiifolia, reste la solution de lutte la plus efficace. Face à la propagation exceptionnelle de la plante, les autorités ont établi des programmes de sensibilisation et de prévention. Dans le cadre de l’action 22 du Plan National Santé Environnement 2 (PNSE2) concernant la prévention des allergies, des campagnes de communication ont été mises en place par les Chambres d’agriculture et les collectivités locales.
Dans l’objectif d’endiguer la prolifération de l’ambroisie et de limiter l’exposition des populations au pollen, des arrêtés préfectoraux ont vu le jour dans les départements les plus touchés, dont l’Ain, le Rhône, la Drôme et l’Isère. Les particuliers, les agriculteurs, les gestionnaires des domaines publics et les maîtres d’oeuvre sont tenus d’empêcher la floraison de l’ambroisie sur les terrains dont ils sont responsables. L’élimination des plants d’ambroisie doit se faire avant le mois d’août, c’est-à-dire avant la pollinisation. Dans, un grand nombre de communes de l’Ain, de l’Isère, de la Drôme et du Rhône, un référent ambroisie est chargé d’observer l’ambroisie et de la faire détruire par les personnes concernées. Les agriculteurs sont soumis à des pénalités s’ils ne détruisent pas l’ambroisie sur leurs terres : les parcelles concernées risquent d’être détruites et les aides PAC de l’agriculteur peuvent être réduites comme c’est le cas dans l’Ain. Les enjeux économiques sont donc importants pour l’exploitation agricole. De plus, dans les cultures de printemps telles que le sorgho, le maïs et le tournesol, la présence d’ambroisie peut engendrer des pertes de rendement de 20 à 80% (Poitou-Charentes Nature 2010)
Afin de mutualiser les informations relatives à la propagation de l’ambroisie et de coordonner les moyens de lutte, l’observatoire de l’ambroisie a été créé en juin 2011 par le Ministère chargé de la Santé et l’INRA. Il développe des actions en partenariat avec différents acteurs, tels que les agences régionales de santé (ARS), les collectivités territoriales, les agriculteurs et les associations. [2] De nombreux acteurs sont concernés et se mobilisent, ce qui rend la coordination des actions parfois difficile. Cependant, depuis le 26 avril 2017, le décret n° 2017-645 relatif à la lutte contre l’ambroisie à feuilles d’armoise, l’ambroisie trifide et l’ambroisie à épis lisses encadre la surveillance, la gestion et la prévention de la prolifération de ces ambroisies
Enjeux de santé publique - Enjeux économiques
L’ambroisie : une plante allergène
Si l’ambroisie a fait l’objet de nombreux débats, c’est notamment à cause de sa production exceptionnelle de pollen fortement allergisant. Les grains de pollen par plante se comptent en milliards et leur dispersion par le vent peut atteindre un rayon de 100 km . Seulement 5 grains de pollen par m3 d’air suffisent pour déclencher une allergie. Le pic de pollinisation se situe aux alentours de mi-septembre. Plus l’exposition est importante plus le risque de devenir allergique est élevé. Ainsi en Auvergne Rhône-Alpes 6 à 12 % de la population est estimée allergique. Ces allergies se manifestent par des rhinites, des conjonctivites, de l’asthme et de l’urticaire.
Les problèmes de santé engendrés ont un coût important
Le coût estimé des soins engendrés par les allergies à l’ambroisie en Rhône-Alpes s’élevait à plus de 20 millions d’euros en 2011. Ce coût croît chaque année, avec l’augmentation du nombre de personnes allergiques : de 2008 à 2011 le nombre de personnes allergiques a augmenté de 60 %.
Enjeux agronomique et environnemental
L’ambroisie, une plante qui s’adapte à une grande diversité de milieux
Si l’ambroisie est incontestablement une problématique de santé publique, son contrôle est avant tout un défi agronomique. Un pied d’ambroisie peut produire jusqu’à 3000 graines au pouvoir germinatif [3] de plusieurs dizaines d’années . De plus, elle s’adapte à de nombreux contextes pédoclimatiques. L’ambroisie se développe sur tout type de sol, elle présente même une bonne résistance à la sécheresse . C’est une plante pionnière dont le développement nécessite de la lumière en abondance et qui supporte mal la concurrence des autres plantes. Ainsi, l’ambroisie se développe sur les terrains nus, les lits de rivière, les bords de route, les chantiers, les cultures de printemps peu denses, tel que le tournesol, ou encore en inter-culture dans des chaumes des céréales d’hiver.
Un état des lieux de la présence d’ambroisie dans le département de la Drôme a été mené, en 2006, par le Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE) et la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales de la Drôme (DDASS). Cette étude montre que 80% des surfaces infestées, dans la Drôme, sont des parcelles agricoles. De plus, sur 700 parcelles agricoles étudiées, il s’avère que les chaumes représentent 50% des surfaces agricoles envahies par l’ambroisie et que la culture de tournesol en représente 20%.
Une intervention simple et nécessaire en inter-culture pour empêcher la floraison
Dans les cultures d’hiver, comme les céréales à paille ou le colza, l’ambroisie n’est pas un problème. En effet, lorsqu’elle germe son développement est freiné par le couvert que constitue la culture en place. Après la récolte, l’accès à la lumière facilite son développement : la lutte contre cette adventice en inter-culture est donc essentielle. Le Centre technique interprofessionnel de l’oléagineux et du chanvre (CETIOM) préconise de déchaumer le plus tôt possible après la récolte. Un ou deux déchaumages sont conseillés pour endiguer l’invasion d’ambroisie, et la mise en place d’une culture intermédiaire est vivement recommandée.
Une intervention indispensable mais problématique en culture de tournesol
Parmi les cultures de printemps, c’est dans les parcelles de tournesol que l’ambroisie pose le plus de problèmes. En effet, l’ambroisie et le tournesol sont des astéracées au cycle de développement similaire. Le contrôle de l’ambroisie en culture de tournesol doit se faire après la levée de celui-ci, ce qui est particulièrement délicat. L’ambroisie s’y développe aisément, notamment parce que le tournesol est en général une culture peu dense dont la levée est longue. Au mois de juillet il n’est pas rare que l’ambroisie atteigne la taille des tournesols : son port arbustif lui permet d’atteindre facilement 1,50 m. Les pertes de rendement occasionnées peuvent atteindre 70% du rendement habituel.