L’agriculture urbaine

L’agriculture urbaine a, plus ou moins, toujours existé dans le monde entier. En France, elle est en plein essor depuis les années 2000. De nombreux projets et initiatives publics et privés ont vu le jour, dont un certain nombre dans des projets d’aménagement des villes. Depuis 2018, elle est représentée au célèbre Salon International de l’Agriculture par l’association française d’agriculture urbaine professionnelle (Afaup).

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine consiste à cultiver des plantes et à élever des animaux dans la ville. Cependant, tout comme il n’existe pas « une » agriculture, il n’existe pas « une » agriculture urbaine mais un éventail d’agricultures urbaines, en fonction : des lieux de production, des supports de production, des techniques et pratiques culturales, des systèmes de distribution, des modèles économiques et des acteurs.

Plus largement, l’agriculture urbaine ne se réduit pas à sa définition de production agricole en zone urbaine mais elle renvoie également à un mouvement citoyen et un outil de développement durable pour les collectivités.

Elle peut se présenter sous de nombreuses formes. Les plus répandues sont celles de plein sol : jardins individuels ou partagés, jardins pédagogiques, friches, etc. Cependant, les formes d’agriculture urbaine « hors sol » se développent de plus en plus : toits potagers, fermes souterraines, fermes verticales, etc.

Fonctions de l’agriculture urbaine

A l’échelle du monde, l’agriculture urbaine ne remplit pas les mêmes fonctions partout. En France, elle représente avant tout un mouvement citoyen de réappropriation de l’espace urbain, d’amélioration des milieux de vie ou de promotion d’un « produire autrement ». Dans les pays dits « en développement », l’agriculture urbaine représente avant tout un moyen de subvenir aux besoins alimentaires des ménages.

Ces fonctions peuvent se répartir selon 4 catégories :

  • Alimentaire : la production urbaine représente 15% de la production alimentaire mondiale (Smit et collab., 1996). Selon la FAO, « une superficie d’un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an. »
  • Sociale : les jardins, partagés ou pédagogiques, représentent des lieux de partages et d’échanges, d’intégration et d’apprentissage, et d’éducation à l’environnement et à l’alimentation. Dans un quartier, leur présence peut grandement participer à améliorer la qualité de vie de ses habitants.
  • Environnementale et paysagère : les zones d’agriculture urbaine, hormis celles d’intérieur, créent des couloirs écologiques pour la biodiversité au sein des villes ; du fait de la présence de nombreuses espèces végétales et de fleurs. Elles lui fournissent le gîte, le couvert ainsi que des lieux de passages. Elles peuvent contribuer à la gestion des eaux de pluies et des déchets organiques, ainsi qu’à la lutte contre le phénomène d’îlots de chaleur urbains. Elles participent également à la lutte contre le changement climatique en limitant le transport des aliments, lorsqu’ils sont consommés sur place.
  • Economique : les projets sont souvent en dehors des échanges commerciaux mais de plus en plus de projets d’agriculture urbaine se développent en s’intégrant dans des circuits de proximité et peuvent ainsi avoir un impact positif sur l’économie des collectivités.

Les clés de la réussite

Agriculture urbaine et agriculture « traditionnelle » se retrouvent sur un point : le facteur limitant dans les deux cas est l’accès au foncier. Cependant, l’agriculture urbaine a l’avantage de pouvoir s’adapter à de nombreux espaces et de tirer profit de surfaces urbaines inexploitées comme les toits, les balcons, les terrasses, les bas-côtés, les jardins publics, ou encore les murs pour produire des denrées alimentaires.

L’agriculture urbaine dépend également :

  • Du soutien de la collectivité ;
  • De la planification et de la réglementation municipale ;
  • Du changement des mentalités des habitants, des collectivités, des paysagistes, des entreprises ou encore des aménageurs. En effet, le soutien n’est possible que lorsque chacun accepte que l’agriculture ait sa place en ville.

Il est important de garder à l’esprit que les administrations locales sont les plus à même de déterminer les usages et leur répartition au sein de la collectivité car elles ont la vision d’ensemble du territoire et connaissent les besoins de la population. Cela ne les empêche pas de faire appel aux porteurs de projets et autres acteurs du territoire pour statuer et intégrer l’agriculture urbaine, notamment, aux démarches de planification et aux réglementations d’urbanisme.

Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité en Ile-de-France

L’Observatoire fait partie des acteurs auprès duquel les collectivités peuvent se référer en matière d’agriculture urbaine. Ce dernier recense les pratiques et accompagne à l’intégration des enjeux de l’agriculture urbaines, notamment en termes de biodiversité grâce au développement d’indicateurs spécifiques :

-* Le maintien ou la création de couloirs écologiques ;

  • Le maintien ou la restauration d’une biodiversité cultivée et de savoir-faire locaux ;
  • La création d’habitats favorables pour les espèces locales ;
  • Le maintien ou la restauration des processus écologiques du sol (fertilités, cycles biogéochimiques, cycles de l’eau, maintien de la structure, perméabilité, activité bactérienne) ;
  • La réduction de l’empreinte écologique : consommation de ressources naturelles, eau, énergie, intrants organiques et inorganiques, circuits de distributions, déchets, denrées alimentaires et leur flux respectifs.

Sur l’agglomération lyonnaise, de nombreux acteurs contribuent à développer l’agriculture urbaine. Si vous êtes intéressés, voici une liste non exhaustive des acteurs du territoire : Les incroyables comestibles lyonnais, l’association GROOF, Place au terreau, Les jardins suspendus de Perrache, Vol’terre, et bien d’autres encore.

P.-S.

SOURCES :

  • Agence Régionale de la Biodiversité
  • Laure de Biasi (IAU îdF), Antoine Lagneau (ARB îdF / IAU îdF), Christine Aubry (Agricultures urbaines), Anne-Cécile Daniel (Inra/AgroParisTech) et Mélanie Collé (Exp’AU/AgroParisTech). Note rapide "L’agriculture urbaine au cœur des projets de ville : une diversité de formes et de fonctions". 2018 – 1967-2144.
  • VIVRE EN VILLE (s.d.). « Agriculture urbaine », Collectivitesviables.org, Vivre en Ville.
  • Iris Amoyel et Thomas Haden. « T4P : Un projet de recherche innovant pour des Toits Parisiens Productifs », Agroparistech.fr , AgroParisTech.
  • Jac Smit, Joe Nasr et Annu Ratta. Urban agriculture : Food, Jobs and Sustainable Cities. United Nations Development Programme (UNDP), 1996.
  • VOX-POP. « L’agriculture urbaine : nouvel eldorado de l’agrobusiness ? », ARTE, [ VIDEO ]. 2017.