Visites d’exploitations dans le Franc-Lyonnais

Après les visites d’exploitations arboricoles du sud-ouest de la Métropole fin décembre, d’exploitations maraichères et céréalières dans l’Est de la Métropole en janvier, c’est au tour du Franc Lyonnais d’être visité par le Vice-Président en charge de l’agriculture à la Métropole de Lyon.

Vendredi 5 mars, Jérémy Camus s’est rendu sur 3 fermes du Franc Lyonnais, accompagné de plusieurs agents des services techniques de la Métropole, et de la Chambre d’agriculture.
La Ferme de Piamot à Genay (SCEA CHAMP LECLERC), nous a ouvert ses portes.
Sébastien Leclerc, qui succède à plusieurs générations d’agriculteurs, a converti la ferme à l’agriculture biologique en 2018. Sur les 230 ha de terres qu’il cultive, entre les prairies temporaires, les cultures de printemps, les cultures d’hiver, les cultures pérennes etc., la luzerne est pour lui une culture indispensable à la conversion bio : elle permet de remettre de l’azote dans le sol, et ainsi de limiter les couts liés à l’apport de matière azotée en bio. Il n’a pas de mal à trouver des débouchés pour cette luzerne, grâce aux partenariats qu’il noue avec des éleveurs bio.
Récemment, Sébastien Leclerc s’est lancé dans l’élevage de poules pondeuses et de poulets de chair. L’acquisition des équipements nécessaires, tel que le poulailler mobile, a été soutenue par la Métropole et le Programme de Développement Rural de la région. La petite délégation de la Métropole a pu constater le bon fonctionnement de ce nouvel atelier, et s’offrir quelques délicieux œufs grâce au distributeur automatique de produits de la ferme, présent à l’entrée du site !
En effet, l’exploitation a développé la vente directe en 2020 : cela lui permet de valoriser les produits issus de la ferme (farine, lentilles, œufs…) à un prix rémunérateur, de créer du lien avec les habitants du territoire, et de faire connaitre la ferme. Sébastien Leclerc a pu installer récemment un distributeur automatique de produits de la ferme, avec l’aide du programme PENAP de la Métropole. Le projet est de le délocaliser en ville lorsqu’un accord sera trouvé avec les architectes des bâtiments de France.
La visite a été l’occasion d’échanger sur les projets de l’exploitation, sur les difficultés rencontrées, notamment lors de la conversion en agriculture biologique, avec la valorisation des blés en cours de conversion, ou la mutualisation de matériel. Les sujets d’urbanisme avec les contraintes liées à la construction de bâtiments agricoles, ainsi que l’accessibilité du foncier ont également été abordés. Sébastien Leclerc nous a témoigné de la difficulté à faire comprendre aux propriétaires de terrains classés en PENAP que ces terrains ne pourront jamais devenir constructibles. En effet, certains pensent que la durée de protection des périmètres PENAP est fixée à 30 ans : hors c’est FAUX, les PENAP n’ont pas de limite de durée, et ne peuvent être enlevés que par une décision interministérielle !

La visite s’est poursuivie à Cailloux-sur-Fontaines, où les frères Digonnet nous ont accueillis sur leur siège d’exploitation, en plein cœur de la ville. Ces deux maraichers ayant repris la ferme familiale quelques années après d’autres expériences professionnelles, ont dû s’adapter aux contraintes liées à l’étalement urbain, et font face au défi de maintenir leur ferme au milieu des nouvelles habitations de Cailloux. Poursuivre leur métier dans ce contexte leur demande de beaucoup dialoguer avec les riverains, et de montrer leur bonne volonté en adaptant certaines pratiques pour préserver les relations de voisinage.
L’exploitation, un temps tournée vers les circuits longs (grossistes, grande distribution…), s’est ensuite orientée vers les circuits courts, et s’est investie dans la création de la plateforme Saveurs du Coin et de la légumerie Nos belles récoltes. Aujourd’hui, l’exploitation s’est spécialisée dans la production de rhubarbe pour Grand Frais, et de cardon vendu sur le carreau des producteurs au marché de gros de Corbas. Durant le 1er confinement lié à la crise sanitaire en 2020, l’outil click and collect de la ferme a connu un très fort succès, avec environ 200 paniers commandés par jour.
Les 3 frères Digonnet font progressivement évoluer leurs pratiques agricoles pour réduire au maximum l’usage des pesticides (diminution par 11 de la charge financière due à l’achat de pesticides sur l’exploitation entre 2003 et 2020), augmenter la part d’amendement organique (plus de 50% aujourd’hui), etc.
La problématique de la main d’œuvre saisonnière reste importante pour eux : ils espèrent pouvoir nouer un partenariat avec le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile de Fontaines Saint-Martin, dont plusieurs résidents aimeraient pouvoir travailler pour eux.

Enfin, la matinée s’est terminée à l’EARL les Jardins du plateau, chez Arnaud Aubague. Installé depuis 16 ans, il cultive une soixantaine d’hectares en céréales et 3 ha en maraichage, où il produit plus d’une quarantaine de variétés différentes. La totalité des légumes produits est vendue sur la ferme, grâce à un marché qui se tient deux fois par semaine, où d’autres producteurs viennent également livrer leurs produits.
Arnaud Aubague fait également transformer une partie de ses produits dans un atelier de transformation, Les petits plats de Denis, à Saint Consorce.
Engagé dans une agriculture raisonnée, il cherche à limiter au maximum l’usage des pesticides en ayant recours notamment au binage des parcelles en maraichage. Pour cette pratique, il nous fait part de l’intérêt des caméras d’autoguidage par satellite, qui permettent de réaliser le binage de façon plus précise. Cette technologie nécessite une antenne relais, Arnaud Aubague n’arrive pas pour l’instant à obtenir l’autorisation pour en installer sur un site adapté.