Rallye intercultures du 18.11.2016

Un succès pour les profils culturaux !

Une quarantaine d’acteurs de la profession (agriculteurs, techniciens, conseillers, ingénieurs) ont affronté le froid, la pluie et le vent vendredi 18 novembre 2016 pour venir assister au premier événement organisé par les partenaires du PAEC(1) de l’agglomération lyonnaise. La journée s’est poursuivie avec les interventions techniques de Jean PAUGET (ARVALIS – Institut du végétal) et de Sébastien TALLOTTE (ARDAB), la visite des deux sites d’essais (M. MASSON à Meyzieu et Y. BILLY et V. CHABROUD à Toussieu) et les profils culturaux réalisés par Sébastien ROUMEGOUS (ISARA et CDA).

Les agriculteurs sont venus pour échanger sur leurs pratiques mais aussi observer leurs impacts sur le sol (activité biologique et structure)
Les agriculteurs sont venus pour échanger sur leurs pratiques mais aussi observer leurs impacts sur le sol (activité biologique et structure)

Sur chaque site, une fosse pédologique avait été creusée à cheval sur deux modalités afin de les comparer. Cela a permis à Sébastien ROUMEGOUS de montrer aux participants les profondeurs d’enracinement des couverts et les différences ainsi induites sur la structure des sols et l’activité biologique (cf. tableaux ci-dessous).

Session 1 – Site de Meyzieu (M. MASSON)

Le milieu est un sol typique de la zone, sablo-limoneux avec environ 10% d’argile et comportant 30-40% de cailloux de taille moyenne à petite. Il présente naturellement une bonne structure de sol : les cailloux et la texture assez équilibrée rendent le travail du sol facile et limitent les phénomènes de semelle de labour, les cailloux créant une hétérogénéité naturelle des points de pression provoqués par les outils.
Les couverts du premier site ont eu un effet assez net sur le sol.

  • Le couvert Raygrass Italien/trèfle violet (A) a produit une biomasse relativement faible comparé aux autres couverts, mais le chevelu racinaire intense du raygrass génère une structure grumeleuse idéale dans les 15 premiers centimètres. On observe des racines jusque dans le fond du profil (60cm), elles colonisent le sol de façon assez homogène. Ce couvert est particulièrement intéressant pour apporter un effet structure dans l’horizon travaillé. Le RGI est une plante pérenne difficile à détruire qui peut potentiellement devenir une adventice pour la culture suivante si la destruction n’est pas soignée. Il faudra penser à la détruire suffisamment tôt avant l’implantation du maïs pour éviter la compétition avec cette plante qui consomme beaucoup d’azote et d’eau.
  • Le couvert multi espèce (B), a produit une biomasse assez importante, l’enracinement est moins important dans les 15 premiers centimètres, et les racines d’avoine sont bien visibles. On observe des racines jusque dans le fond de profil. Ce type de couvert sera moins efficace qu’un couvert de seigle ou de raygrass pour structurer le sol dans les premiers centimètres, cependant la diversité d’espèce offre des architectures racinaires complémentaires qui colonisent correctement le profil. Ce couvert est composé de plus de 50% de légumineuses, son principal service sera ainsi de restituer une quantité d’azote importante et qui sera supérieure à celle des autres modalités. Le pois est une espèce qui s’implante facilement et produit une biomasse importante. La vesce est une espèce qui présente un des meilleurs ratios d’azote fixé par kg de biomasse et s’adapte très bien à l’association.
  • Le couvert combinant Fenugrec et Radis Chinois (C) n’a pas fonctionné : le fenugrec, s’est très peu développé. C’est une plante qui habituellement produit une biomasse assez faible en raison de sa croissance déterminée et son port dressé, qui ici avec son développement faible à très peu occupé l’espace, laissant place à quelques radis chinois et des repousses d’orge. Le couvert montre un enracinement relativement faible, seule les repousses d’orge ont occupées l’espace, et leurs racines sont présentes jusqu’à 60cm.
  • Le couvert moutarde/phacélie (D) a produit une biomasse importante et couvre bien le sol. Les racines sont présentes jusqu’à 60cm et sont distribuées de façon homogène avec une densité un peu plus importante dans le premier horizon. Ce couvert a produit une biomasse importante en surface, et le rôle de piège à nitrate de la moutarde semble avoir bien fonctionné. La phacélie possède un appareil racinaire superficiel mais efficace pour structurer les 15 premiers centimètres de sol.

Pour conclure, nous sommes en présence de couverts qui offrent des services très différents. Le couvert raygrass/ trèfle violet est très intéressant pour structurer le premier horizon, et ainsi favoriser, notamment en TCS, un milieu favorable à l’enracinement pour la culture suivante. Les couverts multi espèces et Moutarde/Phacélie présente un enracinement assez similaire, même si le second est plus dense en profondeur notamment. Le choix de l’un ou l’autre de ces deux couverts dépendra de l’objectif de l’exploitant. Si l’objectif est de restituer une quantité maximale d’azote, le couvert avec la proportion de légumineuse la plus importante sera préférée. Si l’objectif est de capter un reliquat azoté important pour en faire bénéficier la culture suivante, l’usage d’un engrais vert avec une proportion importante de crucifères, comme le mélange moutarde/Phacélie pourra être préféré.

Résumé des observations sur le site de Meyzieu - Semis après déchaumage
Modalité A Modalité B Modalité C Modalité D
Variétés RGI 66%
Trèfle violet 34%
Pois 37%
Avoine 30%
Vesce 20%
Fenugrec 9%
Radis chinois 4%
Fenugrec 70%
Radis chinois 30%
Moutarde 70%
Phacélie 30%
Type de sol Graviers superficiels
Couverture du sol ++ + + +++
Profondeur d’enracinement 60cm 60cm Faible : Fenugrec peu développé 60cm
Structure premier horizon +++ + + ++

Session 2 – Site de Toussieu (Y. BILLLY et V. CHABROUD)

Le second site, en semis direct depuis 6 ans, présente un sol très propice au semis direct : Limon profond avec 10% d’argile, ce qui est suffisant pour limiter les effets négatif d’une texture limoneuse trop franche (forte battance et reprise en masse rapide sous l’effet des pluies). On constate de nombreux turricules à la surface du sol, signe d’une intense activité des lombrics. On observe la présence de nombreux vers de terre anéciques et endogés, ainsi que des collemboles, décomposeurs de matières organiques, jusqu’à 60cm dans les galeries de vers de terre. Ce sol est typique des sols en semis-direct qui fonctionne. La structure entre 15-20cm et 40 cm est un peu plus compacte mais présente de nombreuses fissurations et perforations soit par des galeries, soit par des racines, dans les deux modalités de couverts explorées.

Les agriculteurs sont venus pour échanger sur leurs pratiques mais aussi observer leurs impacts sur le sol (activité biologique et structure)

L’effet des couverts est ici évident, la différence nette est due au sorgho qui possède un système racinaire puissant et profond qui fait la différence.

  • Dans le couvert Féverole/Phacélie, on observe en surface assez peu de phacélie, et les féverole sont éparses. La féverole est une espèce peu compétitive qui demande à être associé si elle est utilisée en couvert. La faible proportion de phacélie n’a pas permis d’occuper l’espace. On observe des racines plutôt situées dans les premiers centimètres de sol, la densité se réduit ensuite rapidement, même si on peut observer des racines en profondeur, pas forcement dues au couvert.
  • Le couvert composé de 13% de sorgho présente des racines plus nombreuses tant dans les premiers centimètres de sol qu’en profondeur : la mobilisation d’éléments nutritifs et le maintien de la porosité sont ici effectifs malgré une proportion de sorgho assez faible en définitive. Le sorgho produit un fort volume racinaire, puissant et agressif, en surface et en profondeur. Utiliser des couverts ayant une capacité à maintenir la porosité sur l’ensemble du profil est particulièrement important en semis direct, où la porosité ne peut plus être créée mécaniquement. Les graminées sont souvent des espèces utiles pour maintenir cette porosité à la fois en surface et en profondeur. Attention au rapport C/N élevé du sorgho, qui est un fournisseur d’humus, mais peu également provoquer des faims d’azote en cas d’enfouissement tardif. En semis-direct, le dépôt de biomasse exclusivement en surface limite ce phénomène.

On peut donc conclure que l’implantation d’une proportion de sorgho significative permet ici un maintien de la porosité plus efficace. Dans cadre d’une conduite en semi-direct, il apporte un avantage indéniable. Le couvert de féverole/phacélie sur le site exploré apporte des services moindre, et n’apporte apriori pas cette faculté d’occupation du profil par les racines comme il le faudrait en système semis-direct.

Résumé des observations sur le site de Toussieu - Semis direct
Modalité A Modalité B
Variétés Féverole 97%
Phacélie 3%
Sorgho 13%
Féverole 85%
Phacélie 2%
Type de sol Limons profonds
Couverture du sol + +++
Profondeur d’enracinement 80 cm (précédent ?) 120cm
Structure premier
horizon
++ +++
Activité biologique +++ +++

(1) PAEC : Projet Agro-Environnemental et Climatique (partenaires : Maison François Cholat, Terre d’Alliance, La Dauphinoise, Ets Bernard, ARDAB, Chambre d’Agriculture du Rhône, Collectif pour le Développement de l’Agroécologie, Métropole de Lyon)

Margaux Sabourin
Pour Animation Agro-Ecologie du PAEC de l’agglomération Lyonnaise