Retour sur la campagne MAEC 2017

Depuis 2016, 80 exploitations se sont engagées dans la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, le développement des cultures de légumineuses, l’implantation des couverts favorables à l’environnement, la gestion des prairies et des espaces pastoraux, ainsi que dans le maintien des infrastructures agro-écologiques (haies, ripisylves et mares).

Pour certains, les MAEC permettent de franchir le pas vers la transition agroécologique. Elles leur apportent la sécurité financière afin d’essayer de nouvelles pratiques Pour d’autres, les MAEC ne sont pas un facteur qui oriente leurs choix stratégiques, notamment en ce qui concerne la conduite des cultures. Elles représentent un moyen de valider les pratiques mises en place et de valoriser financièrement leurs démarches personnelles, notamment en ce qui concerne la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.

Un accompagnement individuel du diagnostic à la déclaration PAC

« J’avais des réserves au début mais un diagnostic a été réalisé et les résultats m’ont rassuré avant de m’engager »

Sébastien, 30 ans, polyculture céréalière (maïs, blé, soja, colza), 118ha

Installé en scea avec son père depuis 2014, Sébastien en a repris la gestion en janvier 2017, en double activité car l’exploitation n’est pas viable pour le moment.

« Les traitements ne sont pas faits pour le plaisir et c’est parce que mes pratiques phyto étaient raisonnées que j’ai pu m’engager sur ces mesures »

En mai 2017, Sébastien s’est engagé dans la réduction de l’utilisation des herbicides. Cette mesure s’inscrit pour lui dans sa recherche de l’économie d’intrants et représente un premier pas vers son projet de développement de l’agriculture biologique sur son exploitation.
Il s’est également engagé à implanter des couverts d’intérêt faunistique et floristique dans les secteurs vallonnés et proches des habitations afin de limiter l’érosion, cause des coulées de boue, et de restaurer voire développer la biodiversité.
Enfin, Sébastien a souscrit à une mesure de retard de fauche sur ses prairies permanentes. Il ne s’agit pas d’une pratique nouvelle pour lui mais d’une opportunité pour « valoriser ce qui est déjà mis en place pour la protection de la faune ».

« Nous sommes conscients que l’agroécologie est une trajectoire à suivre pour nos exploitations, surtout en situation périurbaine. Mais comment valoriser mes pratiques économiquement sur le long terme, au-delà des 5 ans ? »

Grâce à ses engagements, il a pu bénéficier de :

  • Formations et journées techniques qui "m’ont permis d’avoir plusieurs retours d’expérience et d’améliorer mes connaissances sur l’utilisation des herbicides. »
  • Investir dans une bineuse et une herse étrille car « il me faudra mécaniser le désherbage pour répondre aux objectifs de la mesure en 5 ans. »

Ce qui l’aidera dans son projet futur. En effet, Sébastien a réalisé une étude afin de convertir 30ha de son exploitation en bio à partir de 2018. Cette conversion n’est qu’un début et permettra de « restaurer la viabilité de l’exploitation et ainsi d’y revenir à temps plein. »

Un accompagnement collectif sur le terrain
Journée technique consacrée à la réduction des phyto sur maïs

« Les MAEC apportent de la sécurité aux exploitations »

Romain, 27 ans, polyculture céréalière (colza, blé, orge), 12ha

Romain s’est installé en 2012 sur une partie de l’exploitation de son père, en polyculture élevage (maïs, blé, orge et élevage avicole). Située en zone urbaine, l’exploitation n’a cessé d’évoluer. En 2014, il est obligé d’arrêter le du maïs, du fait de la perte de terrains, qu’il remplace alors par le colza. En 2016 ce sont les ateliers de volailles de chair puis de poules pondeuses qui s’arrêtent, du fait de l’impossibilité de réaliser les mises aux normes dans le secteur.

Malgré cela, Romain continue et cherche des solutions. Il s’est ainsi engagé en mai 2017 à implanter des couverts d‘intérêt faunistique et floristique.

La surface de son exploitation étant limitée et menacée par l’urbanisation, Romain n’a pas la possibilité de diversifier énormément ses cultures, ce qui à long terme, il en a conscience, risque d’appauvrir ses sols. L’implantation de tels couverts lui permet donc de « faire reposer ses sols tout en ayant un revenu ». En les semant sur le pourtour de ses parcelles cultivées cela lui permet également de bénéficier de cette biodiversité retrouvée. En effets, ces bandes de couvert « attire toute une faune d’auxiliaires de culture diversifiée qui participent à la fécondation des cultures ainsi qu’à la gestion des ravageurs. » De plus cela lui permet de valoriser certaines petites parcelles difficilement exploitables du fait de leur proximité aux habitations.

« Nous avions de nombreuses questions et l’accompagnement fournit nous a permis d’y répondre »

Grâce à ses engagements, il a pu bénéficier :

  • D’un accompagnement personnalisé pour la souscription et de conseils pour la mise en place des couverts, qu’il a jugé « très satisfaisants »
  • De formations et de journées techniques pour échanger autour des pratiques
  • D’un revenu complémentaire, fixe et assuré, ce qui lui permis d’investir, surtout dans un contexte difficile des céréales

Ce qui pourrait l’aider dans ses nombreux projets comme la mise en place de jardins familiaux en ville qui seraient mis à la disposition des citadins si ceux-ci s’engagent à suivre des pratiques respectueuses de l’environnement. Romain cherche également à remonter un poulailler et à développer une filière courte de farine et de pâtes faites à partir de ses céréales. Cependant, tous ses projets sont en pause car il est très difficile de développer une activité agricole en zone périurbaine.