Implantation de couverts d’été

L’implantation de couverts est une pratique de plus en plus courante en agriculture car les couverts apportent de nombreux avantages : ils protègent et structurent le sol, ils assurent une meilleure circulation de l’eau dans le sol en limitant le ruissellement et ils fertilisent la culture suivante en apportant des éléments nutritifs au sol. Bien gérés, les couverts implantés simultanément avec une autre culture permettent de limiter les adventices et le salissement sur la parcelle. Les couverts implantés entre deux cultures permettent de rompre le cycle de développement de certaines adventices et donc de réduire leur pression sur la parcelle.

Les couverts sont importants toute l’année, car un sol nu risque de s’appauvrir et de se déstructurer rapidement s’il est laissé à découvert. Mais en période estivale, le développement des couverts peut être compromis à cause des sécheresses : c’est pour cela qu’il est important de connaître les différentes options qui s’offrent aux agriculteurs.

Le choix du couvert

Le choix du couvert doit être une décision stratégique : la composition du couvert ne doit pas concurrencer la culture en place, mais il est aussi important de raisonner le choix du couvert en fonction de la culture suivante. Pour faire ce choix il est aussi nécessaire de prendre en compte le type de sol, le climat et les contraintes de la parcelle. La réflexion du couvert doit donc bien se raisonner au cas par cas afin d’être adaptée au mieux.
Les mélanges de couverts les plus courants sont une association de deux espèces, mais des mélanges constitués de plusieurs espèces peuvent aussi être réalisés. Un mélange de 3-4 espèces peut permettre de limiter les risques liés aux conditions de culture. De plus, mélanger différentes familles de plantes peut permettre de mieux valoriser le couvert. (Labreuche, 2020)
L’utilisation de légumineuses est souvent mise en avant dans les couverts : les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique grâce à leur fixation symbiotique, ces plantes enrichissent donc le milieu en azote ce qui est intéressant à la fois pour le couvert en place et pour la culture suivante. Les légumineuses peuvent ensuite être couplées avec des espèces produisant des quantités de biomasse plus importantes qui permettront de ramener du carbone dans le sol.
Selon les pratiques de l’agriculteur et les conditions météorologiques du moment, un semis de couvert avec travail du sol ou non peut être mis en place. Pour ne pas perturber la structure et la vie du sol il faut essayer de perturber le milieu le moins possible : le semis direct est un bon exemple de travail du sol limitant la déstructuration.

Différents types de semis

Semis à la volée avant ou pendant la récolte
Cette technique est intéressante car elle est rapide et peu coûteuse. (Chambre d’agriculture Tarn-et-Garonne, 2019) De plus, elle ne concurrence pas la culture en place car elle est implantée plus tard sur la parcelle. Implanter le couvert dans la culture ou juste après sa récolte permet au couvert de profiter de l’humidité résiduelle laissée par celle-ci. L’implantation à cette période permet également à l’agriculteur de gagner du temps sur ses chantiers d’été.
Pour obtenir un couvert développé il faut anticiper les pluies d’été afin d’assurer une production de biomasse. Il faut aussi prendre en compte la texture du sol en choisissant son mode de semis pour son couvert : si le sol est trop compact ou s’il y a une croûte de battance, le semis à la volée aura des taux de levée trop faibles. La levée du couvert peut aussi être mise en cause s’il y a une présence importante de résidus de culture sur la parcelle. (Chambre d’agriculture Tarn-et-Garonne, 2019)

Semis après récolte dans les chaumes
Cette méthode est intéressante pour les agriculteurs souhaitant semer le couvert rapidement après la moisson. (Arvalis, 2015) Le seul risque est de semer le couvert trop tard, si ce couvert n’est pas la priorité de l’agriculteur par rapport à l’organisation de ses chantiers d’été. Dans ce cas, le couvert peut avoir plus de mal à lever car le taux d’humidité aura diminué et le risque de repousses d’adventices sera supérieur. Mais si le semis est correctement fait, c’est-à-dire moins de 48h après la moisson, alors cette méthode à de nombreux avantages dont celui de limiter la levée des repousses d’adventices. (Arvalis, 2015) (CDA, 2021).
Pour cette technique, le semoir offrant le meilleur développement du couvert et qui limite l’assèchement du sol est le semoir à dents.

Semis en fin d’été
Le semis en fin d’été est délicat car les conditions climatiques sont souvent difficiles à cette période : les conditions sont très sèches ce qui rend difficile la levée du couvert. (Chambre d’agriculture Tarn-et-Garonne, 2019) A cette période, la pluie est un facteur déterminant pour le développement ou non du couvert.
L’implantation d’un couvert doit se faire avec autant de rigueur qu’un semis de culture, car si le couvert ne se développe pas ou mal, cela représente des dépenses inutiles pour l’exploitation. (Chambre d’agriculture Tarn-et-Garonne, 2019). En fonction de la reprise en masse du sol, c’est-à-dire le tassement, de la présence des résidus de culture et du salissement de la parcelle, 3 techniques sont utilisables : déchaumage avec semoir centrifuge, semis à la volée suivi d’un déchaumage pour enfouir les semences ou semis direct sur sol non travaillé.

La destruction des couverts

Tout d’abord, il est important de bien choisir la date de destruction de son couvert en fonction de la culture suivante, du type de sol et de la croissance du couvert. Le choix de la méthode de destruction du couvert va dépendre des espèces présentes dans le couvert et des pratiques de l’agriculteur.

  • destruction chimique du couvert : cette méthode est très facile et rapide, elle est aussi très efficace : le glyphosate est communément utilisé lors de cette destruction. Pour cette technique un délai d’attente est nécessaire avant l’implantation de la prochaine culture.
  • destruction par broyage  : le broyage permet de réduire le volume du couvert et permet de laisser les résidus en surface, ce qui va assurer une protection au sol. Un inconvénient de cette méthode est qu’il y a des risques de repousses du couvert dans la culture suivante.
  • destruction par labour : cette méthode est utilisée chez les agriculteurs ayant déjà prévu de réaliser un labour avant leur culture. Le couvert ne doit pas être trop haut sinon il nécessite un aplatissement ou un broyage au préalable. Cette méthode engendre aussi des risques de repousses.
  • destruction par gel : cette méthode est idéale selon Arvalis, il s’agit de laisser le couvert geler naturellement. Cette technique est économique car ne nécessite pas d’intervention et aussi écologique. Un point négatif est que la destruction par gel dépend de la météo, ce qui reste un facteur aléatoire et peu précis.
  • destruction par roulage : cette technique nécessite aussi la gelée du couvert pour qu’elle soit efficace. Mais cette technique engendre des risques de tassement sur la parcelle.
  • destruction par pâturage  : cette méthode ne nécessite pas de passage mécanisé et ne déstructure pas le sol. Cette technique est particulièrement utilisée avec des ovins, mais nécessite soit d’être en polyculture élevage, soit d’avoir un élevage a proximité de son exploitation.