Agroécologie et les différents courants d’agriculture

De nombreux termes émergent en agriculture servant à décrire des systèmes mettant en avant des pratiques agricoles vertueuses, ce qui peut entraîner de la confusion pour les consommateurs comme pour les différents acteurs du monde agricole. Certaines approches sont claires et bien définies tandis que d’autres sont plus vagues. Certaines possèdent des labels leur permettant de mieux valoriser leurs produits, alors que d’autres ne sont peu voire pas connues par les consommateurs. Ci-dessous quelques définitions d’approches d’agriculture durable.

Agroécologie

Ce terme ne définit pas une technique agricole précise mais plutôt l’approche globale de l’interaction entre l’homme et son environnement, qui vise à mieux comprendre l’écosystème afin de s’en servir pour produire des biens issus de l’agriculture. (CDA, 2021)

L’agroécologie a aussi comme but de recentrer le rôle du consommateur dans la chaîne alimentaire afin qu’il puisse faire des choix responsables. Ces systèmes alimentaires agroécologiques se basent sur le fonctionnement naturel des écosystèmes. (Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 2013). Les transitions vers des systèmes agroécologiques doivent se faire petit à petit et au cas par cas afin d’assurer leur durabilité dans le temps.
L’agroécologie inclut des pratiques agricoles plus spécifiques comme l’agriculture de conservation, l’agriculture régénératrice ou encore l’agriculture biologique. Mais des actions agroécologiques peuvent aussi inclure l’introduction d’aménagements favorisant la biodiversité (haies, mares, bandes enherbées…) ainsi que la diversification des cultures (variétés anciennes, rotations variées, couverture des sols …).
L’agroécologie porte une attention particulière à la vie des sols et leur fonctionnement car c’est la base des systèmes agricoles.
Les exploitations travaillant en agroécologie recherchent une résilience au sein de leur système : cela nécessite une diversification pas uniquement des cultures mais également des ateliers de productions et des circuits de commercialisation permettant de les rendre plus autonome. L’autonomie des exploitations est aussi recherchée vis-à-vis des intrants (fertilisation, eau …) en valorisant les ressources présentes au niveau local. L’agroécologie permet de rassembler le rôle social, économique, politique et environnemental de l’agriculture dans une démarche de développement durable.

Agriculture de conservation

C’est une manière de cultiver la terre permettant à la fois de limiter les pertes de nutriments des terres arables mais également de régénérer les terres dégradées, le but étant d’améliorer la fertilité des sols. (FAO, 2021) Cette agriculture repose sur 3 principes : suppression du travail du sol, couverture permanente du sol et diversification de la rotation culturale. (Dictionnaire d’agroécologie, 2016). La FAO décrit cet ensemble de pratiques comme « une base pour une intensification durable de la production agricole ». (FAO, 2021)
L’association « Pour la promotion d’une agriculture durable » (APAD) a développé depuis 2020 son propre label en France « Au cœur des sols » qui a pour but de valoriser le travail des agriculteurs travaillant en agriculture de conservation. (Au cœur des sols, 2021) Elle promeut un ensemble de pratiques visant à améliorer et préserver la fertilité physique, chimique et biologique des sols : la santé des sols d’abord, le reste viendra avec !

Agriculture régénératrice

Son but est de capturer du carbone dans les sols afin d’inverser les changements climatiques et restaurer les sols dégradés. (Regeneration International, 2017). Les 3 principaux axes de cette agriculture sont les mêmes que ceux de l’agriculture de conservation (non travail du sol, couverture permanente du sol et diversification de la rotation culturale). L’agriculture régénératrice ne se limite pas à la préservation de la qualité des sols comme l’agriculture de conservation mais vise à augmenter la fertilité des sols et réparer les erreurs du passé.

Agriculture biologique

C’est sans doute l’approche la mieux connue par les agriculteurs et les consommateurs car elle est très répandue et bénéficie d’un label bien reconnu. Le but de l’agriculture biologique (AB) est de préserver les ressources naturelles (eau, biodiversité…) en limitant les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement. Le cahier des charges de l’AB interdit notamment l’utilisation des OGM et des produits chimiques de synthèse, ainsi que des antibiotiques en élevage. (INAO, 2021) L’AB essaye de limiter les intrants en général et de travailler avec les processus naturels au maximum. Par exemple, elle utilise la lutte biologique pour combattre les adventices. Cette technique permet de réguler les populations de ravageurs en utilisant des prédateurs naturels, certaines méthodes incluent l’utilisation de phéromones pour attirer des mâles dans de pièges ou encore la lutte autocide, qui utilise des mâles stériles d’une espèce lâchés dans le milieu afin de limiter la descendance des femelles.

Parmi ces approches de l’agriculture, toutes ont des avantages et des inconvénients mais elles travaillent toutes dans le même sens : rendre l’agriculture plus durable. Il est difficile de mettre en œuvre des pratiques vraiment idéales sur tous les plans, sachant que l’agriculteur doit concilier les enjeux économiques de production agricole avec les enjeux de préservation de l’environnement : par exemple l’agriculture de conservation des sols a un impact très positif sur les sols, dont elle améliore la fertilité, mais elle utilise encore des produits chimiques pour le désherbage ; au contraire, l’AB n’utilise aucun produit de synthèse, ce qui a des effets positifs sur de nombreux aspects, mais elle a souvent recours au travail mécanique pour le désherbage, ce qui a un impact à terme sur la structuration et la fertilité des sols.
Bien souvent, on observe que les agriculteurs engagés pour des pratiques plus vertueuses vont plus loin que les obligations prescrites par les cahiers des charges nécessaires à l’obtention des labels, et leurs transitions se font sur le long terme.